Mélange de provenances de semences pour la migration assistée et la valeur adaptative des populations
Le déclin des populations de pins blancs et la diminution de la taille de celles-ci menacent cette essence naturellement présente à Terre-Neuve. Des scientifiques du Centre de foresterie de l’Atlantique du Service canadien des forêts ont entrepris de déterminer quelles stratégies de sélection de provenances de semences pourraient se révéler les plus efficaces dans le contexte du climat changeant.
Les chercheurs ont comparé six populations de pins blancs de Terre-Neuve et de l’Ontario, plantées dans trois secteurs d’intervention forestière de la Forêt expérimentale de Petawawa située près de Chalk River, en Ontario, dans le cadre d’une étude d’impact du charançon du pin blanc sur ce dernier. Trois des populations étaient issues de graines provenant de petits peuplements isolés de Terre-Neuve et les trois autres, de graines provenant d’endroits situés à des latitudes plus basses en Ontario. La différence moyenne de latitude entre les provenances des semences de Terre-Neuve et celles de l’Ontario était de 3 degrés.
Pin blanc
(Pinus strobus)
Huit ans après la plantation, les populations de l’Ontario ont donné de meilleurs résultats que celles de Terre-Neuve pour ce qui est de la hauteur totale, de la longueur de la flèche de l’année courante, du diamètre basal et du volume de bois. Par contre, les populations des deux provinces ont affiché des taux de croissance similaires jusqu’au 20 juin. De plus, l’apparition des bourgeons (arrêt de l’allongement des pousses) s’est produite 13 jours plus tard chez les populations de l’Ontario que chez celles de Terre-Neuve. D’après les différences dans la taille des arbres et l’apparition des bourgeons, les chercheurs ont constaté que la différence dans le temps d’apparition des bourgeons s’était traduite dans un gain de croissance moyenne de 2 % pour chaque jour de retard d’apparition.
Cette constatation pourrait servir de base à une méthode de sélection des graines visant à améliorer la croissance des arbres et leur adaptation aux changements climatiques. Le déplacement de provenances de 1 degré plus au nord pourrait permettre de retarder l’apparition des bourgeons d’environ quatre jours et ainsi obtenir un gain de croissance de 8 %. Règle générale, le pin blanc est tolérant au gel; il pourrait être déplacé d’environ 2 degrés plus au nord sans subir de dommages importants.
Pour maximiser la valeur adaptative des populations d’arbres dans un environnement en évolution, on devrait prévoir, dans l’élaboration d’une stratégie de migration assistée, l’incorporation de provenances plus méridionales aux provenances locales, notamment dans le cas des populations plus petites ou plus fragmentées.
Par exemple, pour aider à reconstituer les populations de pins blancs à Terre-Neuve dans le contexte du climat changeant, des provenances un peu plus méridionales pourraient être mélangées avec des provenances locales. Cela permettrait d’accroître la diversité génétique et la variabilité des caractères adaptatifs à des fins de sélection naturelle et ainsi d’obtenir des populations mieux adaptées.
Statut du projet
- En cours